L’arrivée en 2015 du consortium chinois Casil Europe, devenu actionnaire majoritaire (49,99%) de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, avait à l’époque beaucoup fait parler les milieux d’affaires et aéronautiques. Tout le monde n’avait pas vu d’un très bon œil l’atterrissage de capitaux asiatiques aussi près des terres d’Airbus, les opposants dénonçant une braderie des bijoux de famille par l’Etat et une erreur stratégique…
C’est désormais de l’histoire ancienne puisque Casil Europe vient de rendre les clés, en empochant au passage une jolie plus-value de 200 millions d’euros. Le groupe français du BTP Eiffage, déjà bien implanté en Occitanie avec trois mille collaborateurs et près de 500 millions d’euros, vient prendre le relais.
Mais le retour sous pavillon tricolore de l’aéroport de la ville rose continue à faire jaser : dans les colonnes de la Dépêche du Midi, le maire de l’Union, ville de 11 000 habitants de la banlieue nord-ouest de Toulouse, ironise qu’une «mise initiale 308 millions d’euros, bénéfice 220 millions d’euros, soit un placement à 15%, sous nos applaudissements" : Le "touch and go" de Casil Euro sur le tarmac toulousain aura été d’autant plus profitable que les actionnaires locaux (Conseils départemental et régional, Toulouse Métropole et CCI) lui reprochent d’avoir privilégié une gestion lucrative à court terme. Il n’empêche que les résultats sont bons, les objectifs de croissance et d’investissement ayant été atteints, ce qui fera oublier les relations orageuses avec l’ancien actionnaire principal. Le partant affirme avoir investi 86 M€ alors qu’il ne s’était engagé, dit-il, que pour 60 M€.
Les actionnaires locaux se réjouissent de la cession à Eiffage, estimant qu'elle permettra de "mettre en place une nouvelle politique en matière de gouvernance, de distribution de dividendes et d'investissements, dans des perspectives de long terme".
Eiffage veut se positionner à Toulouse-Blagnac et, comme son concurrent Vinci, entend continuer à investir dans les plateformes aéroportuaires. Le groupe de BTP sera donc concessionnaire jusqu’en 2046 du 5ème aéroport français (9,6 millions de passagers), l’Etat conservant quant à lui ses 10% de parts.
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