La Fédération française du bâtiment ne manque pas d’idées pour relancer le secteur Suite à la crise du Covid19, le constat du secteur du bâtiment est assez clair : la machine tourne nettement moins bien qu’elle ne devrait le faire ! Pour relancer la dynamique, Olivier Salleron, nouveau président de la Fédération française du bâtiment (FFB), compte sur une carte maitresse : la rénovation énergétique.
Un bilan alarmant après la crise de la Covid19
A première vue, on pourrait se dire que le marché n’est pas si mal. En effet, seulement 5 % des chantiers sont encore aujourd’hui à l’arrêt en France ! Un constat qui laisse penser que les choses évoluent dans le bon sens. Pourtant, en regardant d’un peu plus près, on se rend vite compte que la situation est bien plus alarmante. Ainsi, il est essentiel d’ajouter à cette première tranche 17% de professionnels qui tournent au ralenti.
D’autant qu’il ne faut pas oublier que la situation sanitaire engendre des surcoûts qui font fondre la marge comme neige au soleil. Un constat qui inquiète quelque peu le président de la FFB : « Le ministre de l’Économie a affirmé que l’État prendrait sa part des dépenses supplémentaires du BTP. Pour le moment, on ne voit rien venir. »
200 000 emplois menacés à fin 2021
Malheureusement, ce point n’est pas le seul qui turlupine les spécialistes. Par ailleurs, le stock de commandes se réduit de jour en jour, du fait notamment de l’arrêt des appels d’offres publics. Pour information, ces derniers représentent près d’un tiers de l’activité globale. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en cette période de transition, l’administration française n’est pas en mesure de traiter les dossiers en télétravail. Un comble qui pourrait au final engendrer un cataclysme au niveau des emplois dans le BTP. D’ailleurs, les experts estiment qu’entre 120 000 à 200 000 emplois pourraient disparaître d’ici l’année prochaine.
Le plan vert de relance pour sauver le marché
Face à un tel constat, la FFB ne compte se morfondre. Pour éviter un tel désastre, Olivier Salleron préconise la mise en place d’un plan « vert » de relance… Dès cet été ! Pour cela, le Président table sur plusieurs points, à commencer par augmenter le dispositif d’incitations fiscales, au travers du Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE), transformé en prime – « MaPrimeRénov' » en 2020 et 2021. Pour le Dirigeant l’idée est simple : réduire le reste à charge pour les ménages les plus modestes de façon à élargir le marché. Sachant que les aides ne couvrent actuellement que 90% des ouvrages énergétiques, le reste de la facture est trop souvent prohibitif pour les potentiels investisseurs aux revenus limités.
Plus loin encore, la FFB demande un élargissement de l’éligibilité à l’ensemble des Français, une hausse de 150 à 400 euros/m² pour le forfait de rénovations globales, la prise en charge d’une partie des gros travaux non énergétiques qui accompagnent ce type d’ouvrage et enfin l’élargissement du CITE et de MaPrimeRénov’aux résidences secondaires, en zone de revitalisation rurale. Et comme la Fédération n’est jamais à cours de bonnes idées, elle veut également se pencher sur la problématique de la TVA réduite à 5,5 % pour les travaux d’amélioration-entretien.
Ces deux premiers axes représentent des pistes de relance très intéressantes ! Mais soucieux d’aller toujours plus loin, Olivier Salleron veut également favoriser les constructions neuves vertueuses en termes d’émission de gaz à effets de serre. Ce coup de pouce pourrait être incarné par une optimisation de l’incontournable Prêt à Taux Zéro (PTZ), avec une possibilité d’emprunt à hauteur de 40 % du montant de l’opération sur tout le territoire. Gourmand, le dirigeant de la FFB pousse même la malice à proposer une « majoration temporaire à 60 % pour les opérations affichant une performance meilleure que la réglementation en vigueur dans le neuf. »
Dans tous les cas, les pistes de travail ne manquent pas et il faut bien évidemment ajouter à tout cela une profonde réforme du soutien à l’investissement locatif privé. Sans oublier, un petit coup d’œil sur le marché du bâtiment non résidentiel avec, éventuellement, la majoration de 1 milliard d’euros de la Dotation d’équipement des territoires ruraux
(DETR) pour soutenir le développement de centres de collecte des déchets professionnels, ou le lancement d’un grand plan EHPAD.
Le but : générer plus de 100 000 emplois
Tout mis bout à bout, on arrive tout de même à une facture budgétaire aux alentours de 5 milliards d’euros par an. Un coût certes qui est loin d’être neutre, mais qui pourrait s’avérer incontournable pour relancer le secteur et garantir plus de 150 000 recrutements à l’orée 2023.
Photo : DR CH / Auteur : DR Fabian Frydman