Dans leur vérité crue, les chiffres sont cruels : de septembre à novembre 2019, le nombre de permis de construire accuse un retrait de -2,2% par rapport au même trimestre de 2018 et de -3,4% pour les mises en chantier. Sur une période plus large - une année glissante - les autorisations de construire ont reculé de - 5,1% et les constructions de -3,3%.
Avec « seulement » 409 000 logements livrés, la feuille de route de Julien Denormandie, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ville et du Logement, accuse un recul de près de 15 000 logement sur les objectifs annuels fixés à 500 000 unités.
Prix et rareté du foncier dans les zones urbaines, contraintes réglementaires et environnementales. Mais aussi réticence des élus à signer des permis de construire synonymes de nouveaux habitants (et de nouvelles écoles, crèches, services publics, donc de nouvelles charges) alors que la taxe d’habitation passe à la trappe et qu’ils ont encore des doutes sur la compensation « à l’euro près » de l’Etat. Tous ces facteurs expliquent la « mollesse » du secteur dans le neuf. Alors que jamais les conditions n’ont été aussi favorables pour les ménages, avec des taux d’intérêt historiquement bas, qui viennent compenser (en partie du moins) la cherté du mètre.
Il faut aussi ajouter quelques raisons fiscales, dont la France détient le secret, et qui limitent par trop l’investissement locatif, alors que les besoins de logements sont criants, surtout dans les Métropole.
Pourtant, les Français ne se sont pas détournés de la pierre puisque plus d’un million d’entre eux sont passés chez le notaire pour signer un acte de propriété l’an passé. Mais ils se sont tournés vers l’ancien, plus accessible, tandis que le décrochage « revenus familiaux/prix du mètre carré » s’est encore accéléré dans les centres urbains.
Les acteurs attendent maintenant un rebond après les élections municipales qui constituent toujours un frein, psychologique à défaut d’être rationnel. Les entreprises de la construction ont besoin d’un coup d’accélérateur !
Photo : DR / Auteur : CH