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Quelles formations pour quelles finalités professionnelles par Jacques Chanut

Quelles formations pour quelles finalités professionnelles par Jacques Chanut

Publié le 21/04/2020 dans la catégorie : Paroles

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Représentative de l’ensemble du champ professionnel du bâtiment, la Fédération que vous présidez depuis 2014 est la première organisation professionnelle nationale certifiée ISO 9001 d’Europe.

Pouvez-vous nous en rappeler les missions prioritaires ?

Les missions de la FFB s’articulent autour de trois axes majeurs :

• intervenir auprès des pouvoirs publics dans la prise de décisions qui ont une incidence sur le marché des entreprises et les conditions d’exercice de la profession ;

• apporter son expertise à ses fédérations départementales et régionales et unions et syndicats de métiers dans leur action de défense et d’assistance des entreprises adhérentes ;

• assurer la promotion de l’image de la profession, de ses métiers et de ses entreprises.

Afin de défendre les intérêts des artisans et entrepreneurs du bâtiment dans les dossiers communautaires, la FFB intervient directement auprès des institutions européennes (Conseil, Parlement et Commission) et s’appuie sur l’influence de la Fédération de l'Industrie Européenne de la Construction (FIEC), partenaire social sectoriel européen.

La FFB assure au quotidien la défense de 50 000 entreprises adhérentes, dont 35 000 de taille artisanale. Elles réalisent les deux tiers de la production annuelle de la profession, soit environ 140 milliards d’euros HT et emploient les deux tiers des 1 104 000 salariés du secteur.

Le BTP, marché en plein essor, représente un chiffre d'affaires total de plus de 150 milliards d'euros et s’impose avec 1,5 million d'actifs dont 1,265 millions de salariés, 109 000 intérimaires et 265 000 travailleurs indépendants comme le premier pourvoyeur d’emplois de France. Pourtant, il peine à recruter alors que la France affiche un taux de chômage élevé de 8,2 % actuellement.

Quels sont les freins au développement du secteur ?

La Fédération française du Bâtiment considère qu’il existe actuellement un frein principal au développement de l’activité des entreprises qu’elle accompagne. Les entreprises rencontrent de grandes difficultés à trouver du personnel qualifié pour répondre à la demande du marché qui, ces dernières années, a fortement progressé. Les carnets de commande sont pleins mais le personnel manque et s’il y a du personnel qualifié, il travaille dans nos entreprises.

Fort de ce constat, vous avez multiplié les initiatives originales pour pallier à cette pénurie de main d’œuvre. Combien précisément couronnées de succès, à l’instar de l’opération exemplaire «15000 bâtisseurs » en 2018 en synergie avec les Pouvoirs Publics, générant 21.000 embauches ?

Parmi les 21 000 candidats ayant bénéficié de l’opération, nous avons tenu nos engagements : 19 000 sont issus de la politique des quartiers prioritaires et 2 000 recrutements ont été faits auprès de migrants qui ont pu majoritairement bénéficier d’une formation en français et l’acquisition de connaissances de base pour exercer un métier dans le bâtiment.

Il est difficile de vous donner un décompte particulier des actions qui se sont déroulées dans les territoires. Le plus souvent le rôle de la fédération régionale ou départementale a permis de rassembler les volontés de nombreux partenaires publics et privés concernés par cette action.

Des conventions de partenariat ont été signées et les bénéficiaires comme les entreprises ont été au rendez-vous. Parmi, les opérations à noter, il y a celles qui ont permis de requalifier les fichiers de Pôle emploi. La profession s’est toujours interrogée sur la possibilité de chercher parmi les fichiers des demandeurs d’emploi, un public déjà formé ou prêt à être formé dans les entreprises. L’opération, les partenariats et la demande des chefs d’entreprise ont permis de déclencher ce type de dispositif. Il faudrait pouvoir le généraliser.

La FFB envisage-t-elle de nouvelles opérations de cette envergure en 2020 ? 

Pour l’année 2020 et aussi les suivantes il est important que l’on puisse maintenir un flux suffisant de jeunes et de public en reconversion pour renouveler le départ des ouvriers qualifiés et répondre aux besoins de main-d’oeuvre sur nos chantiers. Nous devons à la fois répondre à un besoin immédiat et préparer le futur.

La profession mène par ailleurs une politique active de formation avec pour objectif prioritaire de recruter au minimum 100 000 jeunes qualifiés dans les dix prochaines années, dans des filières de formation très diversifiées et à tous les niveaux.

Quels sont les dispositifs initiés par la FFB pour répondre à cet enjeu stratégique ?

Parmi les dispositifs choisis, je souhaite mettre en avant l’opération « Des coulisses du bâtiment ». Cette action existe depuis presque 20 ans et lors de sa dernière édition, elle a permis l’ouverture de 230 chantiers à plus de 50 OOO personnes. Le succès de l’opération ne va qu’en progressant.

Cette opération consiste à ouvrir les chantiers emblématiques ou pas à des jeunes collégiens mais aussi parfois du public adulte en reconversion. Cette opération comprend une phase préparatoire puis la visite proprement dite, généralement rythmée par les ateliers pour découvrir les métiers, les règles de chantier en matière de prévention, puis les cadeaux sont aux jeunes pour garder un bon souvenir et l’accompagnant reçoit des documents pour continuer à travailler après la visite. Là aussi, cette opération serait impossible sans les partenariats du terrain.

Toujours dans le même esprit, nous menons régulièrement une analyse à propos de l’ensemble de nos outils de communication, notre public cible change comme notre secteur. Site Internet, documents imprimés, formations de chef d’entreprise allant faire les visites dans les centres de formation, sont revus à travers l’évolution de la perception que les jeunes publics ont des secteurs des métiers. Il se dégage d’ores et déjà le nécessaire renforcement de l’affirmation de ce que sont nos valeurs qui caractérisent nos métiers : sens du collectif, solidarité, fierté…

Le vivier des métiers d’avenir. Il existe aujourd’hui environ plus de 30 métiers variés et évolutifs au sein de 302 000 entreprises. L’écologie induit depuis près de 10 ans, par ailleurs, avec le développement des constructions « basse consommation » et l’écoconstruction de nouveaux métiers nécessitant une main d’œuvre qualifiée.

Quelles sont les actions mises en place par la FFB pour former et attirer les jeunes générations dans cette perspective ?

Au moment du lancement du plan Borloo, en 2008, nous avons très rapidement renforcé nos actions pour répondre aux volontés politiques d’intégration de la protection de l’environnement dans la construction.

A l’époque, de nouvelles normes de construction ont été mises en place, depuis ces normes continuent à évoluer et notre secteur à s’adapter. Nous avons tout d’abord dû former à ces nouvelles règles de construction, les professionnels du secteur.

Cela s’est fait dans le cadre d’un dispositif appeler FEEBAT, formation en économie d’énergie. Nos représentants professionnels siégeant dans les différentes commissions ont contribué ensuite à faire évoluer les diplômes dont ils supervisent les contenus. Les jeunes, soit environ 1,5 millions d’actifs à ce jour, sont ainsi désormais formés aux nouvelles technologies, progressivement intégrées avec la dimension environnementale dans la pratique professionnelle.

Travailler dans le bâtiment contribue désormais à œuvrer pour la protection de la planète. Quel meilleur enjeu éco-citoyen que celui-ci pour renforcer notre attractivité auprès des générations Y et Z ?

 

 

Photo : DR FBTP / Auteur : DR Dominique Ruffat