La Rochelle, Nantes, Quimperlé… Coup de chauffe chez les professionnels BTP, qui ne veulent pas entendre parler de la hausse du prix des carburants : ils bloquent depuis plusieurs jours des dépôts pétroliers dans l’ouest de la France. Le mouvement est suffisamment puissant pour que l’approvisionnement des certaines stations de cette région soit devenu problématique avec déjà des fermetures de pompes.
A l’origine de cette colère, l’adoption par l’Assemblée du premier volet de la loi de Finances 2020 qui prévoit une hausse de la fiscalité du Gazole Non Routier (GNR) utilisé notamment par les entreprises du BTP et par le Génie civil sur les chantiers de construction. Si elle est appliquée telle que prévue, elle représentera une addition de 750 millions pour le secteur entier.
Les installations et les machines destinées à la construction, au génie civil et aux travaux publics, et les autres véhicules employés en dehors des voies ouvertes à la circulation publique sont visés par cette mesure destinée à favoriser la transition écologique. Pour faire passer la pilule, le gouvernement a prévu un dispositif de « suramortissement » à hauteur de 40% qui permettra de soutenir les entreprises qui investiront dans des engins neufs de substitution (électrique, hybride, hydrogène, gaz naturel) entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2022. Sauf que tous les matériels à moteur thermique n’ont pas forcément leur équivalent en « électrique » ou autres énergies « douces », loin s’en faut…
« Cette hausse de la fiscalité sur le GNR est insupportable » explique ce professionnel sur France Infos. Consommant 3 500 litres par jour, cela représente pour son entreprise une dépense supplémentaire de 8 à 9 000 euros par mois, qui seront forcément répercutés sur la facture du client.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire doit recevoir ce lundi 2 décembre une délégation des professionnels pour discuter. Son objectif sera de désamorcer la crise, alors que la journée interprofessionnelle de manifestation du 5 décembre sur les retraites s’annonce forte et que la SNCF semble s’engager dans une grève dure pour protéger leur régime. Le gouvernement pourra t-il tenir sa réforme de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) ou devra t-il enclencher la marche arrière ? Tout dépendra de la durée du conflit et de l’approvisionnement des stations-services…
Photo : DR / Auteur : CH