Mardi après-midi était prévu une réunion présidée par le Préfet et animée par Serge Castel, associant les services de l’état et les organisations professionnelles du BTP, dont les architectes et l’ensemble des donneurs d’ordres publics qui œuvrent sur le département.
Depuis le 4 avril, la DDTM06 agit dans le cadre de la circulaire interministérielle qui demande au préfet, sur la base d’annexes associées à l’ordonnance, d’identifier les chantiers d’ordre public relevant des besoins vitaux de la population (urgence sanitaire), dit chantier annexe 1 et les chantiers qui contribuent à la continuité de l’activité économique, dit annexe 2.
La DDTM06 avait donc transmis à l’ensemble des donneurs d’ordre cette circulaire, ainsi que le guide de l’OPPBTP et les deux annexes.
Il était attendu pour ce jeudi les derniers éléments, en les classifiant en 3 volets :
Volet vert : chantiers qui touchent à la collectivité et aux besoins vitaux des population et devant démarrer immédiatement, semaine prochaine (sous réserve d’un analyse précises et de la confirmation que toutes les recommandations sont respectées).
Volet orange : chantiers nécessitant plus de réflexion sur le volet sécurité et qui exigent des équipements particuliers, dont principalement l’approvisionnement de masques.
Volet rouge : les chantiers qui peuvent difficilement reprendre, impliquant des mesures bien plus importantes que le ravitaillement de masques et qui, dans le contexte sanitaire, auront du mal à reprendre.
Tous les chantiers ont été remontés et la DDTM06 attend désormais les dernières informations sur les dates prévues.
En parallèle, le guide de OPPBTP a été modifié le 10 avril afin d’apporter des compléments et des ajustements pour pallier la réalité conjoncturelle et tout particulièrement sur l’approvisionnement des masques.
Ces modifications ont été portées à la connaissance des maitres d’ouvrages. Il est question tout d’abord et sous réserves de certaines organisations de chantiers, d’autoriser des masques de moindre protection, de type FFP1 ou chirurgicaux, en lieu et place des FFP2.
Autre élément, et notamment chez les artisans, dans le cadre des interventions chez les particuliers porteurs du Covid-19 ou en fragilités pathogènes, il est exigé un renforcement des mesures de protections.
Les débats se sont engagés sur la base de ces éléments et la réunion a donné la parole aux professionnels, représentés par des donneurs d’ordres publics, mais qui parait logiquement s’ouvrir vers les donneurs d’ordres privés y compris les particuliers.
En ressort une grosse problématique chez les artisans qui interviennent chez les particuliers et qui se retrouvent, soit face à des annulations de commandes, ou des difficultés sociétales qui freinent les commandes ou les chantiers entrepris.
La Fédération du BTP confirme la grosse difficulté dans l’approvisionnement en masques en raison des filières souvent très ombrageuses (engagements non respectés ou arnaques), mais surtout à cause des tarifs qui ont largement augmenté.
Il s’avère que le redémarrage des travaux public parait plus simple que dans le bâtiment qui sont contraints à des difficultés de coordination FPS, mais aussi et surtout en raison de la promiscuité nécessaire car il est souvent indispensable d’être à deux pour réaliser une tâche.
L'UNICEM,qui est la fédération qui rassemble les producteurs de matériaux minéraux qui fournissent principalement le bâtiment et les travaux publics, parait tout autant prête. Hors un peu d’inertie sur le béton prêt à l’emploi, tout est mis en ordre pour assurer les fournitures et la reprise, soutenu par le fait que la plus part des producteurs ont réussi à se fournir en masques.
Une information qui se confirme par Mr Renaudi, président de l’UPE 06 et à la tête d’une société de BTP, disposé à redémarrer rapidement dans la semaine et en début de semaine prochaine.
« Toutes les mesures ont été prises, en isolant les personnes en fragilité, pour redémarrer progressivement et répondre aux maitres d’ouvrages, ayant réussi à se fournir des masques.»
En parallèle, la CCI confirme leur action de guichet unique pour toutes les sociétés dès lors qu’elles ont un souci pour savoir quels sont leurs droits ou comment procéder.
La CCI participera, au même titre que la Directte et la DDFIP à l’ensemble des réunions. La chambre agira donc comme le contact unique, ce qui facilitera la centralisation des réponses aux sociétés en difficultés ou qui ont besoin d’éclairage.
Autre problématique, sur le personnel intérimaire qui nécessite l’intervention des sociétés spécialisées mais aussi l’appui de la CARSAT et des visites médicales au préalable.
Les maitres d’ouvrages se sont aussi exprimés et les grands donneurs d’ordres locaux, comme la Métropole, Cannes, et le Département s’inscrivent dans la volonté de redémarrer rapidement dès qu’il n’y aura pas de difficultés avérées quant aux attentes des organisation professionnels.
Pour l’ensemble des donneurs d’ordre mais surtout pour le BTP, les conditions de reprises restent particulières car qui dit reprise, dit reprise avec des interruptions et donc des délais qui vont surement dépasser les délais initialement prévus dans les marchés publics. Une question se pose sur les coûts en raison de la mise en place des mesures sanitaires, impliquant une productivité différente et la mise en place d’équipements spéciaux.
La méthode pour prendre en charge ses coûts n’a pas forcement été arrêtés.
Il s’avère toutefois, que dans le cadre du code des marchés publics, des conditions permettent facilement de faire des ordres de services de prolongation des délais. Il est aussi déjà entendu que les entreprises auront la possibilité, dans le déroulé du chantier, de pouvoir fournir des justificatifs qui leurs permettront d’être payés par le maitre d’ouvrage au coût réel avec la notification du prix définitif qui se gérera au solde dans le décompte général du marché.
Les entreprise et maitres d’ouvrages restent prudents quant au fait qu’ils pourront se faire rembourser ses montants liés à la situation.
Pour les marchés publics, le gouvernement a permis et insiste afin que les maitres d’ouvrages publics versent l’avance forfaitaire au démarrage du chantier en augmentant le taux à 60%. Une initiative qui permettra aux entreprises de se refaire un peu de trésorerie.
Une incitation poussée et relayée par le département des Alpes Maritimes qui permettra d’aider les sociétés les plus fragiles ou en difficultés.
Concernant la sphère privée, cette dernière reste primordiale car il en va de la continuité économique des sociétés et des artisans du BTP. Une grande inquiétude perdure mais la DDTM06 parait confiante et reste persuadée que « les réflexions avec les donneurs d’ordres publics pourront, avec quelques ajustements se transposer facilement au privé ».
Au vue du peu d’informations transmises, offrant trop peu de visibilités et beaucoup d’inquiétudes, la DDTM06, à l’initiative de Serge Castel qui agit en étroite collaboration avec le préfet, souhaite désormais communiquer et faciliter les échanges avec les entreprises du secteur privé.
Il est donc d’ores et déjà prévu :
- La publication d’un communiqué de presse du préfet à l’attention des membres du bâtiment et des travaux publics qu’ils soient donneurs d’ordres publics et privés, mais également auprès des entreprises, acteurs, architectes, bureaux d’études dans l’esprit « certes il y a eu l’arrêt, mais on peut redémarrer dans tels conditions… ». Le communiqué se aussi adressé aux différentes collectivités afin d’inciter à la continuité de l’instruction des permis de construire. Il fera suite au recensement fait mercredi auprès des 169 communes des Alpes Maritimes souhaitant d’approfondir leur situation.
- Une nouvelle réunion avec l’ensemble des partenaires le 24 avril à 14h pour faire l’état des lieux de tout ce qui a été remonté, de ce qui a démarré ou ce qui va pouvoir redémarrer et un point sur l’approvisionnement des masques attendus.
- Une communication à l’égard des collectivités pour continuer l’instruction des permis de construire et ainsi éviter une rupture de la chaine (pour exemple, 4 permis d’ordres privés ayant été délivrés ce matin).
Beaucoup de démarches s’engagent dans le sens de la reprise afin d’accélérer le redémarrage des travaux.
« Nous sommes sur une phase de réflexion de fond » et le préfet, dans son rôle de coordinateur, à la fois des chantiers urgents, mais également du ressentiment de tout ce qui peut être entrepris pour une reprise économique se montre confiant et solidaire à la renaissance du BTP dans les Alpes Martimes.
Un département qui parait plutôt en avance sur le sujet.
Photo : DR DDTM06 / Auteur : DR CH