L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) s’est projeté dans l’avenir pour tenter de cerner quels seront nos habitats de demain, à l’horizon des années 2050. Ils devront, bien sûr, s’adapter aux changements de mode de vie qui vont en s’accélérant. Avec des chantiers incontournables, comme l’adaptation des habitations aux seniors de plus en plus nombreux, en anticipant les pertes d’autonomie et les besoins de services (conciergerie, blanchisserie, soins etc.). Il faudra aussi assurer une maîtrise rigoureuse des coûts de l’énergie qui deviennent prédominants dans le budget des ménages et continuer à aller vers une sobriété foncière pour éviter la dilapidation des terrains constructibles (regroupement de l’habitat, reconstruction de la ville sur la ville, augmentation de la hauteur des immeubles). Nos habitations devront aussi intégrer des espaces pour le télétravail qui permettra, peut-être, de limiter les embouteillages aux entrées de ville matin et soir, et il faudra donc prévoir les mobilités qui seront comme aujourd’hui impactantes sur la qualité de vie.
« Au risque de décevoir, l’habitat du futur ne sera pas futuriste » prévient Cyril Messika, président de l’Observatoire d’Immobilier Côte d’Azur. Désolé pour les adeptes de science-fiction, nos villas et appartements de demain ressembleront beaucoup esthétiquement à ceux d’aujourd’hui même si leurs matériaux et leurs fonctionnalités vont évoluer. L’ADEME a donc modélisé cinq exemples-type qui ont été présenté il y a quelques jours aux adhérents du Club immobilier de la Côte d’Azur pour nourrir leur réflexion. Architectes, constructeurs, bailleurs, promoteurs, agences immobilières… toute la chaîne du logement sera concernée par ces évolutions. Et s’il reste des marges importantes d’approximation et de nuances, les grands traits sont tirés.
- Immeubles : vu de l’extérieur, ils ressembleront à ceux que l’on construit aujourd’hui. Ils seront toutefois plus denses (on va vers des surfaces habitables plus réduites) et plus élevés. Les intérieurs seront davantage modulables, par exemple avec des cloisons mobiles. Les toits et façades seront végétalisés, l’éclairage naturel privilégié. Ils seront équipés de capteurs pour réguler automatiquement le chauffage et la climatisation. Pour leurs consommations, ils auront un mix énergétique.
- Les « foyers logements » : pour les familles à revenus moyens, ces bâtis privilégieront l’entraide avec des espaces privatifs réduits mais des zones mutualisées comme des cuisines, des buanderies. Ils s’adresseront aux jeunes actifs, aux étudiants, aux seniors, et disposeront d’un espace de coworking et d’un « bouquet de services ». Ils feront l’objet d’une recherche d’économies sur tous les postes. L’ADEME estime que des immeubles de bureaux pourront être reconvertis en « foyers-logements ».
- Maisons individuelles : elles seront rénovées, deviendront autosuffisantes pour leur consommation grâce à un mix énergétique (photovoltaïque et stockage de l’électricité par exemple). Elles seront équipées de différents capteurs et adaptées au recyclage. Maître mot : la recherche de sobriété.
- Maisons neuves : elles seront bio-climatiques, avec de l’éclairage naturel, assureront le recyclage des déchets, l’utilisation de l’eau de pluie et la valorisation des eaux grises. De nouveaux matériaux seront employés pour poursuivre ces objectifs.
- Conteneurs : cela fera bondir les âmes sensibles, mais l’ADEME imagine bien que les populations les plus précaires seront orientées vers les zones péri-urbaines ou rurales. Elles pourraient habiter dans des sortes de « conteneurs » empilables et déplaçables selon les besoins.
Pas sûr que cela fasse rêver… L’agence considère que c’est un moyen de lutter contre le manque d’habitat, mal chronique dans notre pays depuis la fin de la seconde guerre. On pourrait quand même espérer un peu mieux que de recréer des ghetto loin des centres en voie de gentrification, non ?
Jean-Michel CHEVALIER
Photo de Une : illustration DR